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jeudi 3 mai 2012

Aux cadavres balancés dans les ronces, ainsi qu'aux foetus mangés en route par les cigognes


Pendant un instant, j'ai posé mes yeux sur un balcon, et j'y ai vu la mer s'essuyer sur les nuages tandis qu'ils pleuraient dessus, comme d'éphémères enfants sages qui l'ont aimée. Ce spectacle m'a coûté une extinction de voix. Je te crie "Je t'aime", et toi tu t'endors. Je te crie "Je t'aime", et toi tu t'endors. Je t'écris "Je t'aime", et toi tu t'en moque. Sur les trottoirs, les promeneurs de chiens me prennent sûrement pour un fou à marcher sur les bordures, comme si j'attendais le moment de tomber sous une roue de voiture. Moi j'ai juste l'impression de jouer avec tout ça, les habitudes, la vie et ce que pensent les promeneurs de chiens. Tu as beau perdre tes plumes au sol, personne ne le remarque, mais c'est sur elles qu'on s'endort. C'est sur elles que je rêve, quand je ne rêve pas sur un rebord de trottoir.
Je vois les étoiles comme personne ne les voit, j'emmerde les constellations, j'ai inventé les miennes, depuis que ta brume a quitté le port, maintenant j'habite avec le silence, celui qui me chantonne à l'oreille des mélodies inconnues, celles qu'on aime réécrire. C'est sur elles qu'on s'endort, quand on s'endort pas sur un rebord de trottoir.
Y a des héros dans l'espace qui recherchent des endroits cachés, mais y a que le silence pour les comprendre. Ils avaient l'habitude d'être des cadavres ambulants, des nouveaux-nés oubliés, les premiers sons des vagues. Mais faut les pardonner comme les bateaux qui coulent, comme les sirènes qui chantent pour les foules.
Don't be afraid, centipede ghosts doesn't exist.
Je te crie "Je t'aime", et toi tu t'endors.
Je t'écrirais le plus beau des poèmes à ton réveil, mais quand tu l'aura lu,
ne trouble pas mon sommeil.


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